
« Docteur de l’université de Lille1 (CLERSé/CNRS) et titulaire d’une thèse d’habilitation à diriger des recherches, je suis sociologue et professeur des universités. J’occupe ce poste à l’université d’Artois, où je dirige depuis près de 20 ans un laboratoire de recherches. J’y développe des recherches consacrées aux rôles des activités physiques et sportives dans l’amélioration des conditions sociales d’existence de sujets vulnérables, aux fabrications et reconstructions du lien social. Expert pour le ministère de l’Intérieur sur les questions de radicalisation et pour le ministère des sports au sujet des violences notamment à caractère sexuel, j’essaie de faire de ma spécialité scientifique une source d’engagement citoyen.
Je connais l’association EVEIL depuis 25 ans environ. J’y ai occupé les fonctions de conférenciers et ai tenté d’y jouer un rôle au sein de son comité citoyen durant quelques années. Je suis aujourd’hui un administrateur attentif aux actions engagées, en chantier, que je ne manque pas de considérer lors des conseils d’administration qui rythment régulièrement la vie d’EVEIL.
Cette association est confrontée à deux catégories de défis intimement liées. La première consiste à imposer « naturellement » sa signature au sein d’un paysage dans lequel on retrouve plusieurs opérateurs oeuvrant à l’éducation citoyenne des jeunes. La seconde repose sur sa capacité originale à proposer, structurellement et conjoncturellement, une offre d’éducation à la citoyenneté capable de rencontrer une jeunesse hétérogène et aux engagements citoyens réels. Changeants. Plus ou moins stables dans le temps. Très situés et parfois difficiles à « attraper ».
Ces problématiques liées à l’éducation à la citoyenneté des jeunes demeurent prévisibles, variées et dépendent finalement beaucoup de deux ingrédients. Le premier relève d’un effet d’âge plus que de génération : la jeunesse est un temps au cours duquel chacun fait son œuvre, ou tente d’agir. Par tâtonnements, hésitations, pudeurs et parfois désinvolture. Le second renvoie à un processus d’individualisation des valeurs et des comportements sociaux qui, de fait, s’accorde moins lisiblement avec un engagement citoyen. Cela ne se traduit pas nécessairement par un désintérêt mais plutôt par une recomposition permanente de l’engagement. Aussi faut-il saisir cette situation pour faire en sorte que la jeunesse rencontre de quoi s’engager. Eveil offre ce genre de bien sans oublier d’y joindre de quoi prendre goût. «

